Allocution du Maître général à l’ouverture du chapitre à Rome en mai 2023

À chaque tenue de son chapitre général à Rome, la Milice de Jésus-Christ veut confirmer et fortifier sa vocation et sa mission chevaleresques.

Pour notre association de fidèles, ce passage rituel à Rome la fait revenir à son histoire contemporaine liée au Saint-Siège. C’est dans ce cadre romain, et donc pontifical, que la Milice de Jésus-Christ fait sa démarche capitulaire afin de s’ouvrir à de nouveaux projets militants qui répondent aux appels pastoraux que l’Église adresse aux fidèles laïcs, spécialement en cette année de Synode. Par ce Chapitre, notre institution s’engage à assumer avec ses moyens propres sa part chevaleresque et apostolique de la mission ecclésiale.

Ce fidèle passage à Rome se justifie aussi pour deux raisons historiques. Alors que l’ancien Ordre de la Milice de Jésus-Christ s’éteignait en Espagne, c’est dans la Rome pontificale que l’Ordre fut réorganisé pour poursuivre une nouvelle existence grâce à la providentielle intervention du Comte A. de Beaumont et du Père Jandel.

Après d’opportunes réformes et des adaptations pastorales en 1959, la Milice de Jésus-Christ a connu une situation nouvelle par l’effet du décret pontifical de 1981 qui l’a érigée non plus en ordre, mais en association de fidèles laïcs. Ce décret romain la vouait à mener son apostolat chevaleresque selon les voies conciliaires de l’apostolat des laïcs.

Il serait bon que les participants du chapitre reprennent personnellement la lecture du Préambule des Constitutions et de celle du décret pontifical afin de s’imprégner à Rome même de ce qui est advenu ici à la Milice de Jésus-Christ.

De cette lecture méditée, il faut s’approprier ce que le décret considère et confirme comme étant l’essence même de la Milice de Jésus-Christ. Pour cela reprenons la définition romaine :

« … un esprit chevaleresque rénové … »

Tout ce qu’est l’association de fidèles est signifié dans cette définition officielle.

Aussi nous voulons analyser chacun des deux éléments constitutifs de la formule, puis nous pourrons analyser les rapports qui les relient ensemble.

Considérons le premier élément de la formule : « un esprit chevaleresque ».

Les historiens spécialisés se sont penchés sur la chevalerie : ses origines, sa finalité, ses rites et ses institutions. Au Moyen-Âge, la christianisation de la classe militaire « ordo bellatorum » a eu pour but de consacrer cette institution pour le service de l’Église pour assurer sa défense et assurer la paix et le droit. C’est toute la chevalerie qui fut considérée comme étant « Militia Christi »

Pour comprendre ce que signifie pour nous aujourd’hui cet esprit chevaleresque, nous allons nous référer à la formule rituelle qui condense et communique cet « esprit ».

Il s’agit de la formule que le supérieur prononce sur l’impétrant lors de son investiture. Retrouvons-en les termes si expressifs :

« Sois fort, sois sans peur :
ce qui est à terre, relève-le ;
ce que tu auras relevé, conserve-le ;
ce qui est injuste ici-bas, abats-le ;
ce qui est selon l’ordre voulu par Dieu, fortifie-le. »

Cette formule institue une stratégie militante. Elle désigne des objectifs qui justifient et mobilisent les réactions fortes du chevalier.

L’exercice de l’esprit chevaleresque que définit cette formule injonctive ne nécessite plus des faits d’armes héroïques. Mais les impératifs de ce combat justifié et prioritaire imposent des actions opportunes bien discernées pour faire face aux situations de notre temps visées par la formule.

Les quatre injonctions rituelles dirigent la volonté du chevalier vers des objectifs précis et justes. Mais il n’est pas seul pour mener sa militance. Il revient à son institution chevaleresque de promouvoir des œuvres militantes grâce auxquelles les membres répondront en chevaliers aux appels de l’Église selon les voies signifiées par la formule rituelle.

Remarquons encore que la grille des quatre consignes permet au Militant investi de faire une relecture de sa vie chrétienne. Cet examen personnalisé le conduira à mener d’abord en lui-même son propre combat spirituel par la conversion et pour la sainteté.

Pour être justes, le discernement et l’engagement chevaleresques doivent se fonder sur les orientations et objectifs que l’Église donne dans ses appels pastoraux face aux réalités et aux besoins de nos frères humains.

C’est pour cette cause que le qualificatif « rénové » a été joint par l’Église à l’Esprit chevaleresque.

Pour la Milice de Jésus-Christ, il y a eu cette rénovation fondamentale que constitue le Décret pontifical de 1981. Cet acte canonique du Dicastère romain a fondé un « aggiornamento » opportun pour placer la Milice de Jésus-Christ dans la voie de l’Apostolat des Laïcs mené par elle avec les moyens reconnus de son Esprit chevaleresque.

Mais cette rénovation fondatrice n’est pas statique. Elle a eu et a toujours son effet. Cependant cette rénovation doit accompagner la militance de l’Institution. Certes, il ne s’agit pas de rénover en permanence les Constitutions : elles sont légitimes et efficaces.

Or, c’est l’Église qui justifie et confirme la pérennité et la légitimité de son Esprit chevaleresque. Elle le fait par ses orientations pastorales. Cela impose à la Milice de Jésus-Christ de veiller à rendre toujours actuel son charisme chevaleresque pour qu’il soit en mesure de répondre aux réalités et aux besoins dont peut souffrir la société. Pour cela, elle a besoin de rester à l’écoute de l’Église pour assumer sa part chevaleresque de l’apostolat.

Ainsi la formule du Décret, en ses deux éléments, organise une relation mutuelle : c’est ensemble avec l’Église que l’Esprit chevaleresque rénové s’accomplit et remplit sa mission.

Ainsi entre l’Esprit chevaleresque et son maintien en l’état de rénovation par les appels pastoraux de l’Église, on voit se développer et se fortifier une synergie pastorale qui donne à la Milice de Jésus-Christ un authentique rayonnement. Son Esprit chevaleresque rénové qui la fait étroitement participer à la Mission, se confirme ainsi comme étant synodal.

C’est la Militia Christi elle-même qui témoigne avec assurance de son Esprit chevaleresque synodal. Pour s’en assurer, on peut se référer à ses travaux capitulaires d’Évreux. Reprenons les bulletins 197 – 198 et 199.

En les étudiant, on est impressionné par la qualité des travaux menés dans les quatre ateliers, dont le thème de travail était « Chevalerie et Écologie intégrale ». Cette réflexion communautaire a été le fruit de l’étude approfondie des textes ecclésiaux : « L’Encyclique Laudato Si pour la sauvegarde de la Maison commune ». Ces travaux mettent aussi en œuvre le thème actuel du synode : « Pour une Église synodale : communion, participation, mission ».

La dynamique fructueuse de cette réflexion capitulaire a été communiquée par une intervention remarquable : la conférence de Fabien Revol  « Chevalerie et Ecologie Intégrale ». Nous trouvons dans cet exposé magistral tous les éléments d’une charte pour mener de façon synodale notre mission chevaleresque.

La méthodologie du travail commun mené au chapitre d’Évreux a permis de faire remonter des programmes de mission construits dans l’esprit du Code de Chevalerie. Ainsi pleinement associée à l’enseignement de l’Encyclique, la Milice de Jésus-Christ, en pleine co-responsabilité ecclésiale, est aminée par un authentique esprit de chevalerie synodal.

Il reviendra au chapitre de Rome de confirmer cette Mission chevaleresque, menée ensemble avec l’Église par la Milice de Jésus-Christ.

Pour accomplir fidèlement sa Mission ecclésiale et chevaleresque, la Milice de Jésus-Christ adresse au Christ sa prière fervente,

Ô Christ, notre Maître et Seigneur
donnez-nous par votre Esprit Saint la force et la sagesse.
Fortifiés et guidés par cette divine assistance nous serons armés,
pour relever ce qui est à terre,
pour conserver ce qui a été relevé,
pour abattre ce qui est injuste,
pour fortifier ce qui est selon l’ordre voulu par Dieu.

Alors ensemble avec l’Église, nous nous ferons les défenseurs de la Vérité, de la Justice et de la Charité pour Te servir, Toi et tous nos Frères.

AMEN