Comme vous le savez, nos Constitutions demandent aux chevaliers et dames engagés de célébrer les fêtes traditionnelles de la Militia Christi et d’honorer les saints qui sont intervenus dans son existence et ceux dont l’action et l’exemple peuvent nous être utiles. Ils ont tous une raison d’être, soit historique, soit spirituelle ou surnaturelle. Ce sont nos protecteurs, nos modèles, ils peuvent nous aider dans notre action d’aujourd’hui.
Or, en cette dernière semaine du mois d’avril, veuillez m’excuser pour le nombre de messages à venir, six en huit jours, en raison des nombreuses fêtes dont la MC fait mémoire et qui se trouvent rassembler en cette fin de mois.
Le premier que nous honorons en ce samedi de l’octave de Pâques, le 23 avril, est Saint Georges, patron de la chevalerie. La Militia Christi célèbre la mémoire de ce glorieux chevalier appelé en Orient le « Grand-Martyr » à cause des terribles tourments qu’il endura, comparables aux blessures, coups, humiliations, railleries subis par le Christ pendant sa Passion.
L’histoire de sa vie se résume en deux phrases : « Saint Georges vécut en Palestine dans la ville de Lydda au temps des persécutions du Roi Dioclétien. Il fut martyrisé à cause de sa foi dans le Christ. »
Contrairement à ces maigres données, il est difficile de lui rendre un témoignage bref, tant son culte va connaître une faveur considérable dans tout le monde chrétien aussi bien en Orient qu’en Occident.
Ce manque de précisions sur sa vie ne sera pas, non plus, un obstacle à son immense renommée qui donnera naissance à de nombreux récits et légendes (dans le sens de traditions) et qui inspirera un grand nombre d’artistes, tant sa bravoure, sa foi et son martyr marquèrent les esprits.
Cependant, à cause de son incroyable renommée, de ses exploits et du peu de renseignements sur les débuts de sa vie, certains ont voulu nier son existence. Néanmoins, il ne semble pas y avoir de raison de douter de sa réalité historique, d’autant que la persécution de Dioclétien, en février 303, a bien visé des militaires chrétiens parmi les soldats professionnels de l’armée romaine. Tous les sujets de l’empereur furent instamment invités à offrir des sacrifices aux dieux de l’empire et cet ordre s’appliquait tout spécialement aux militaires comme signe de leur fidélité aux ordres impériaux. Des milliers d’entre eux vont mourir martyrs et devenir saints militaires, d’autres, par peur, renièrent leur foi. Saint Georges, préférant perdre ses droits et ses privilèges, refusa d’abjurer et fut supplicié d’autant plus sévèrement, avant finalement d’être exécuté pour refus d’obéissance.
Le martyr de ce grand saint est attesté dès le début du IVème siècle par des récits de pèlerins, de dédicaces d’églises et par des auteurs anciens donnant des précisions aussi bien sur son martyr (en ces jours de Pâques) que sur l’éminente sainteté de ce jeune chevalier. L’Église d’Orient qui l’appelle « mégalomartyr » transmet très tôt son culte à l’Église latine et le pape Gélase Ier, au nom de l’Église universelle, le canonise en l’an 494.
D’après une œuvre apocryphe (Passio sancti Georgii), ce Prince des Martyrs naquit en Cappadoce (province romaine de la Turquie orientale) vers 280, dans une noble famille grecque mais vécut à Lydda (l’actuel Lod en Palestine). Il aurait hérité de la foi chrétienne de ses parents et grandi dans les principes évangéliques. Comme son père, il suivit la carrière des armes et bientôt sa beauté, sa distinction et son courage l’élevèrent à la dignité de tribun militaire dans la garde impériale.
La tradition rapporte ce glorieux épisode : Dans la ville de Lydda, ce jeune chevalier libéra cette cité de la domination du dragon, mot à interpréter comme le chef d’une bande de brigands, en le tuant d’un seul coup de sa lance ; ainsi, il mit fin aux agissements de ces pillards perses dirigés par un certain ‘Nahfr’ dont le nom signifie « serpent », ou « dragon ».
Ce sont bien les circonstances exceptionnelles de sa mort qui seront gardées en mémoire par la piété populaire et qui sont à l’origine du culte et de la renommée de ce saint martyr décapité, peut-être à l’âge de 22 ans, à Nicomédie (Izmit en Turquie), un vendredi saint, le 23 avril 303.
Sa précieuse relique fut transportée dans sa patrie à Lydda où l’on construisit sur sa tombe une église à l’endroit même où il aurait vaincu « le dragon » (le chef de bande Nahfr). Les chrétiens d’Orient affirment que son corps s’y trouve encore.
Il inspira de nombreux artistes le représentant principalement en chevalier qui terrasse un dragon ; émule de l’Archange Saint-Michel, il fait figure d’allégorie de la victoire de la foi chrétienne sur le démon ou plus largement du bien sur le mal.
Selon la tradition continue de l’Église catholique et des Églises orthodoxes, saint Georges est le saint patron de la chevalerie chrétienne, des militaires, des cavaliers, des scouts, des armuriers… Il fut choisi comme protecteur de plusieurs régions et pays comme la Géorgie, la Grande-Bretagne… et de nombreuses villes, localités, églises, monastères porteront son nom ; l’ordre de Saint-Georges est une des décorations russes les plus prestigieuses.
Les croisades contribuèrent aussi à donner au culte de saint Georges un grand éclat parmi les chevaliers français et anglais, sa bannière d’argent blanche à croix rouge furent celles des croisés et devinrent celles de la Savoie et du drapeau national de l’Angleterre, etc…
Au XIIIe siècle, la légende de saint Georges est adaptée par le dominicain Jacques de Voragine, l’archevêque de Gênes, dans sa « Légende dorée ».
Pour nous, chevaliers et membres de la MC, nous voyons en Saint-Georges l’incarnation des vertus de vaillance, de patience dans les épreuves et de confiance en l’assistance de la Grâce que le Christ, Maître du combat, a recommandées à tous les soldats de la foi et de la piété.
Invoquons-le souvent :
Glorieux Saint Georges, au nom de Dieu, étends sur moi ton bouclier et tes puissantes armes, me défendant par ta force et ta grandeur contre mes ennemis, le mal et les persécutions. Donne-moi la force d’éloigner l’ennemi sans l’intention de le blesser, aide-moi à trouver dans le secours de notre Bien-aimé Seigneur Jésus-Christ la force et la droiture comme la bonté et la paix.
Bonne fête de Saint Georges !
Et qu’en cela comme en toute chose, Dieu et la Reine du très Saint Rosaire soient glorifiés !
Marie-France Sénoussi
Responsable du Département du Rosaire
de la Province Saint Louis de France